Combien coûte un vêtement ?

Vous avez à de très nombreuses reprises entendu parler de marques sans intermédiaires, c’est-à-dire des marques qui vendent directement sur Internet, sans passer par des distributeurs pour les vendre. 

Beaucoup de ces marques n’ont pas d’atelier de confection et ne fabriquent pas elle-même les vêtements, mais elles vont toutefois communiquer sur leurs produit en insinuant qu’elles permettent une vente direct de l’atelier jusqu’à vous 

Même si nous n’irons pas jusqu’à parler de publicité mensongère, nous ne pouvons en tant que fabricant pas rester indifférent à un tel message.

A travers cet article, nous allons donc vous apporter le contexte et les informations nécessaires pour vous rendre compte de la différence entre les coûts d’une marque sans intermédiaire classique, qui fabrique chez d’autres ateliers puis revends sur Internet, et une marque de fabricant, qui vous vend directement le produit sur Internet (comme nous par exemple). 

I Les coûts de développement

La réflexion et la conception du vêtement comportent plus d’étapes qu’on ne le croit. 

Le stylisme

Celle que tout le monde connaît, c’est le stylisme: on dessine le vêtement en imaginant les finitions, les matières, les couleurs et les motifs.
Que vous soyez fabricant ou non, cette étape représente un coût de développement. 

En tant que fabricant, nous proposons aussi des suggestions de modèles standardisés. Ceux-ci sont parfois repris par certaines marques sans intermédiaire avec très peu de modification et de valeur ajoutée (et donc avec peu d’intérêt).

Modélisme et coupe

La deuxième étape, c’est le modélisme: il s’agit littéralement de donner vie au vêtement en décidant de sa coupe, de ses dimensions et de la manière dont on va les décliner sur une échelle de taille. Cette étape est gérée par un modéliste, au sein d’un bureau d’étude. 

Chaque fabricant un minimum sérieux possède un bureau d’études en interne, avec des modélistes salariés, qui vont proposer leurs services aux marques clientes. 

Une marque sans intermédiaires devra donc pour développer les coupes de ses produits forcément investir dans un bureau d’études et un modéliste (soit d’un fabricant, soit externe): le coût de cet investissement impactera ensuite le prix de vente des produits. 

Chez Couturier Parisien, nous possédons notre propre bureau d’études (où nos employés modélistes travaillent pour nos marques clientes): développer des modèles supplémentaires ne représente donc aucun coût supplémentaire pour nous et nous permet de proposer d’être plus compétitifs

Il s’agit avant tout de développement, c’est donc un travail qui demande de nombreux allers-retours entre la marque et les modélistes, c’est-à-dire du temps et de l’argent à une marque classique (là où nous pouvons aller plus vite avec nos propres modélistes). 

II Les frais cachés de fonctionnement

Les agents

C’est un terme dont les marques sans intermédiaire parlent souvent: on trouve des agents dans toutes les étapes du cycle de vie d’un vêtement.
Ceux-ci se trouvent:
- entre la marque et ses distributeurs: ces agents représentent les marques auprès des acheteurs. C’est un poste de dépense qui est effectivement supprimé par les marques sans intermédiaires, qui n’ont pas de distributeurs.

- entre la marque et ses fabricants: une même marque peut faire fabriquer le même produit chez différents ateliers et alterner entre eux en fonction des coûts, des disponibilités, des délais etc. Au bout d’un certain volume, une marque fera appel à un agent qui la représentera auprès de ses partenaires de production.

Pourquoi parle t-on si souvent des agents ? Car ce sont un peu des super-commerciaux, dont la rémunération se fait généralement sur des pourcentages de contrats négociés. C’est donc un coût qui impactera le prix des vêtements.

Les logisticiens

Les marques sans intermédiaires classiques ne disposent pas de surface de stockage, mais seulement de bureaux. Elles passent donc par des logisticiens qui possèdent des entrepôts où sont stockés les produits: ceux-ci vont aussi gérer les expéditions et les retours puis facturer la marque en fonction de l’importance du stock et du volume d’envoi. 

Ces services sont une vraie colonne vertébrale des marques sans intermédiaires et représentent un poste de dépense conséquent. 

De leur côté, les fabricants disposent déjà d’une infrastructure (d’ateliers et d’entrepôts), de ressources et d’employés assez importants pour stocker et expédier eux-même la production de leurs marques clientes. Ajouter les produits de leurs marques en propre ne génère donc qu’un surcoût négligeable. 

Les tissus

Nous vous en avions déjà parlé dans notre article sur les tissus: une marque classique devra acheter, faire acheminer et stocker son tissu chez le fabricant (ce qui là encore représente un coût supplémentaire).

Du côté du fabricant, l’achat, l’acheminement et le stockage du tissu sont des dépenses qui ont déjà été engagées et amorties par la production pour les marques clientes. Là encore, si le fabricant décide d’utiliser ce tissu pour sa propre marque, le surcoût associé sera dérisoire. 

La structure de marque

Le dernier coût le plus évident, c’est la marque elle-même. Finalement, ces marques sans intermédiaires deviennent elles-même des intermédiaires entre vous et l’atelier: elles doivent réaliser une marge significative pour couvrir leurs frais de fonctionnement (salaires, impôts etc). 

De leurs côtés, les fabricants peuvent internaliser cet aspect à travers des employés dédiés ou l’externaliser en passant par des freelances. Dans les deux cas, les coûts seront davantage maîtrisés

Conclusion

Vous l’aurez compris, entre les coûts de développement, de stockage et de logistique: tout est beaucoup plus cher pour les marques qui n’ont pas leur propre structure de fabrication. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’elles représentent elles-même un coût supplémentaire dans la structure de marge d’un produit.

L’idée de cet article n’est pas de vanter le modèle de Couturier Parisien (fabriquer nous-même les vêtements et vous les vendre en direct) mais plutôt de vous donner des clefs de lecture pour bien interpréter le terme “sans intermédiaires” qui est devenu galvaudé au fil des années, et qui ne veut pas forcément dire la même chose selon les marques.